une entreprise française fabrique les nouveaux passeports malgré l’hostilité envers Paris

Un petit scandale commence à secouer le Mali. Depuis 2021 et le coup d’État, Bamako prend de grandes distances avec Paris. Pourtant, Idemia, une entreprise française, produit les nouveaux passeports maliens. Un couac.

Des passeports spécifiques pour le Mali et certains pays africains

Depuis quelques jours, le Mali lance officiellement, avec ses alliés du Burkina Faso et du Niger, le tout nouveau passeport de l’Alliance des États du Sahel (AES). Un symbole de rupture avec l’ordre ouest-africain incarné par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), dont les trois pays se sont récemment affranchis. L’idée est simple : montrer une rupture claire avec les autres puissances africaines. Pourtant, derrière cette vitrine aux relents d’indépendance retrouvée, une réalité plus nuancée se dessine. Car si l’État malien prétend reprendre la main, ses passeports AES sont produits par une société française : Idemia.

Depuis l’annonce solennelle par Assimi Goïta, le général-président malien, le passeport AES s’impose comme le marqueur visuel d’un nouvel ordre régional. Exit le sceau de la Cédéao, place au blason tri-national de l’AES. Mais ce virage identitaire a un arrière-goût de dépendance. Car ces documents, pourtant qualifiés de « souverainistes », sont conçus, imprimés et livrés par Idemia, un groupe français spécialisé en biométrie, dont le siège et les infrastructures sont implantés dans l’Union européenne.

C’est le porte-parole d’Idemia, Olivier Charlanes, qui vient de le confirmer à RFI : « Ces passeports sont fabriqués dans une usine sécurisée du groupe Idemia située au sein de l’Union européenne. […] Nous avons livré environ 25 000 passeports depuis le basculement, fin janvier, sous le nouveau design de l’AES. » Une déclaration qui fait grincer des dents, surtout depuis que les autorités maliennes ont fustigé cette même entreprise à plusieurs reprises.

Des tensions franco-maliennes à géométrie variable

Le paradoxe ne s’arrête pas là. Les relations entre le Mali et la France sont au plus bas depuis des mois. En février 2022, Bamako expulsait l’ambassadeur Joël Meyer. Depuis, l’ambassade fonctionne en mode dégradé. Le nombre de visas délivrés par la France aux Maliens a chuté de plus de 80 %. De 20 000 demandes annuelles, on est passé à moins de 4 000 en 2024, un effondrement sans précédent.

Et pourtant, le contrat signé en 2015 entre le Mali et Idemia n’a jamais été dénoncé. Pire : il continue d’être exécuté sans discontinuer, malgré les diatribes officielles et les convocations judiciaires. Car en 2022, la justice malienne avait convoqué Jean-Yves Le Drian et son fils Thomas pour suspicion d’« atteinte aux biens publics » dans le cadre de l’attribution du marché des passeports. La procédure est toujours en cours.

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