Grâce à une loi jugée progressiste sur l’asile, ces réfugiés trouvent des moyens de reconstruire leur vie, tandis que des entrepreneurs tchadiens leur proposent les rares emplois qu’ils peuvent offrir.
Près d’un million de réfugiés ont fui la guerre au Soudan depuis 2023, se dirigeant vers l’ouest, en territoire tchadien. Ils fuient ce que Washington décrit comme un génocide au Darfour.
Monira Gamra, propriétaire d’une entreprise à Adré, près de la frontière soudanaise, dirige une petite usine produisant de l’huile d’arachide et de la glace.
« Les Soudanais souffrent. Ils luttent pour survivre en arrivant ici, mais il n’y a pas de travail pour eux. Nous essayons de les aider en les embauchant, mais nous n’avons les moyens de leur payer que de quoi manger », confie Monira Gamra.
Contrairement à la plupart des pays qui accueillent des réfugiés, le Tchad leur permet de travailler, grâce à une loi novatrice sur l’asile, adoptée quelques jours seulement après le début de la guerre.
Eujin Byun, du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), est d’avis que cette approche tchadienne est susceptible de changer la perception des réfugiés à l’échelle mondiale.
« Cela pourrait être vu comme un fardeau, mais nous voulons vraiment transformer cette perception », estime Eujin Byun.
Quand on lui demande à quel point l’approche du Tchad est inhabituelle, Byun répond : « C’est une opportunité extrêmement rare, et c’est quelque chose que le HCR a encouragé le gouvernement à faire : intégrer les réfugiés dans la société, notamment à travers l’éducation, le système de santé et l’accès à l’emploi. »
Des recherches menées par la Banque mondiale montrent que l’impact économique de cette loi, qui vise à encourager les réfugiés à jouer un rôle actif dans l’économie, demeure limité en raison de l’éloignement des camps de réfugiés. Ces zones reculées offrent peu de ressources pour soutenir l’emploi.
Selon ces recherches, les réfugiés exercent une pression sur l’un des pays les plus pauvres du monde, même si le PIB tchadien est resté stable depuis l’adoption de la loi.
Parmi ceux et celles qui bénéficient de cette loi figure Salamah Muhammad, qui a fui les violences ethniques au Soudan.
« Je cherchais simplement un endroit sûr pour mes enfants. Puis, soudain, nous avons été pris en embuscade. Des hommes armés à moto nous ont encerclés. Notre voiture s’est retrouvée piégée au milieu, et nous étions terrifiés », témoigne Salamah Muhammad, réfugiée soudanaise.
Aujourd’hui installée au Tchad, elle gagne sa vie en fabriquant des objets décoratifs pour la maison.
Cependant, l’entrepreneure Monira Gamra reconnaît que les tensions persistent entre les locaux et les réfugiés : « Certains Soudanais vont au marché, s’emparent des affaires des gens et créent des problèmes ».
Le Kenya a adopté une loi similaire sur le travail des réfugiés en 2021. Les recherches montrent que cette initiative a eu un impact économique positif dans le pays.
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