« Une parentalité heureuse vécue dans la simplicité de l’itinérance » : ce couple de trentenaires traverse la France à pieds avec son bébé
À la suite d’un changement de vie, Justine et Romain Brès, 31 ans, ont décidé de tout plaquer pour traverser la France à la marche, en emmenant avec eux leur bébé. Après un passage par le Lot, ils ont fait escale dans le Lot-et-Garonne mi-juillet avant de continuer leur chemin dans le Gers. En plus de témoigner des bienfaits de la marche et d’une parentalité simple et heureuse sur les routes, ils ont voulu rendre compte des difficultés vécues dans les territoires de « la diagonale du vide ».
Justine et Romain Brès, un couple de trentenaire qui vient d’avoir un enfant, se sont lancé un pari complètement fou : traverser la France « dite périphérique » à pieds avec leur bébé. Partis de Sedan dans les Ardennes le 1er avril dernier, ils sont actuellement dans le sud-ouest avec pour but d’arriver à Saint-Jean-Pieds-de-Port, dans les Pyrénées-Atlantiques, le 1er août. Samedi 13 juillet, nos deux marcheurs âgés de 31 ans sont arrivés à Agen après plusieurs jours dans le Lot-et-Garonne. Assis à la terrasse d’un café du centre-ville après une vingtaine de kilomètres de marche, les parents, lui originaire d’Avignon et elle venant de Bretagne, s’occupent de leur petit garçon, qu’ils ont baptisé Homère. Avec le prénom du poète grec à qui on doit « l’Odyssée », le bambin était destiné à être un voyageur. De leur passage dans le 47, ils retiendront « la beauté des paysages, avec tous ces champs et ces vergers luxuriants
L’Odyssée d’un petit garçon nommé Homère
Équipés d’un sac à dos chacun, transportant leur nourrisson dans une poussette, Justine et Romain sont équipés du strict minimum. « On est parti avec deux bodies et trois pyjamas pour le bébé », sourit Romain Brès. Ils se sont fixé l’objectif de marcher entre 15 et 20 kilomètres. « On n’est pas là pour faire de la performance. On ne veut pas se presser et profiter », explique le couple.
Après plus de trois mois de périple, ils touchent au but. Ils n’ont plus que le Gers, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques à traverser pour réussir leur défi. Un défi qui a germé dans leur esprit en décembre 2023, « à la suite d’un coup du sort » sur lequel ils n’ont pas voulu s’attarder. À l’époque employés dans le secteur de la défense, à Paris, ils décident de lâcher leur appartement, leur métier et le confort de leur vie citadine pour se lancer dans l’itinérance. Entre-temps, Justine accouche d’Homère. Alors dans leur tête, c’est décidé : ils vont le faire ce périple à trois.
« Notre enfant a vécu plus de la moitié de sa vie sur les routes »
« Ça fait trois mois et demi qu’on est parti. Notre enfant avait trois mois au départ et il en a aujourd’hui 6,5. Il a vécu plus de la moitié de sa vie sur les routes », lance Romain Brès. « C’est une organisation mais c’est un plaisir au quotidien pour les jeunes parents que nous sommes de pouvoir suivre sa croissance, vivre au quotidien avec lui, ajoute sa compagne. C’est le plus beau des cadeaux pour nous. »
Leur idée était de visiter les territoires de « la diagonale du vide » et de se rendre compte des difficultés des gens qui y habitent : désertification médicale, désindustrialisation, chômage, fuite des services publics, ou encore baisse de la natalité. « On a trouvé des gens d’une grande gentillesse, d’une grande simplicité et d’une grande résilience », résume le papa. « On a été confronté aux déserts médicaux quand on a dû planifier des rendez-vous chez les médecins pour notre bébé. On devait s’y prendre très longtemps à l’avance », relate la maman.
« Nous avions à cœur de découvrir la beauté de la France prétendue périphérique »
Sur leur parcours, ils sont logés gratuitement par des gens qui veulent les soutenir dans leur périple. « On a traversé les Ardennes, la Marne, l’Aube, la Côte-d’Or, l’Yonne, la Nièvre, l’Allier, la Creuse, la Corrèze, le Lot et le Lot-et-Garonne. Maintenant, on va dans le Gers et les Pyrénées-Atlantiques, confie le père de famille. On essaye de suivre le plus possible de suivre le chemin de Compostelle et on dort chez l’habitant. On se rapproche des mairies et des paroisses pour savoir si quelqu’un peut nous héberger gracieusement. On a également une chaîne de solidarité et d’amitié qui s’est créée autour de nous depuis notre départ des Ardennes, avec personnes qui veulent nous donner un coup de main et qui nous recommande à d’autres personnes sur notre parcours. »
À la fin de leur périple, le couple a le projet d’écrire un livre, un récit de voyage, sur leur expérience. « On s’est dit qu’on allait faire ce qu’on aime pendant quelques mois, à savoir marcher, écrire et lire, affirme Justine Brès. Et nous avions à cœur de découvrir la beauté de notre pays et de témoigner de cette France prétendue périphérique. On voulait aussi apporter le témoignage d’une parentalité heureuse vécue dans la simplicité de l’itinérance. »
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