une présidentielle pas comme les autres

Brice Oligui Nguema, président de la Transition du Gabon

À la veille d’un scrutin historique, le Gabon s’apprête à élire son président dans un climat d’étonnante tranquillité. Favori incontesté, le général Oligui Nguema domine une campagne sans ferveur, symbole d’une transition post-Bongo sous contrôle. Une présidentielle qui interroge sur l’avenir démocratique du pays.

À quatre jours du premier tour de la présidentielle au Gabon, prévu le samedi 12 avril, la campagne électorale s’achève dans une ambiance étonnamment calme. Loin des fièvres politiques des précédents scrutins, cette élection marque un tournant majeur : la transition vers l’après-Bongo. Avec huit candidats en lice mais un seul véritable favori, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, la présidentielle ressemble plus à un plébiscite qu’à un affrontement démocratique classique. Pourtant, les enjeux sont colossaux, tant pour les électeurs que pour l’avenir institutionnel du pays.

Une campagne à faible intensité

Contrairement aux joutes électorales bouillantes de 2009, 2016 ou encore 2023, la campagne actuelle ne suscite pas de véritable effervescence populaire. À Libreville, les artères sont tapissées des portraits du président de la transition, Oligui Nguema, et son slogan « C’est enfin notre essor vers la félicité » semble écraser toute concurrence.

L’ambiance rappelle davantage celle d’un exercice de reconduction que d’un véritable scrutin pluraliste. Dans les quartiers de la capitale, les habitants vaquent à leurs occupations sans grande attention pour les enjeux politiques. « On ne ressent même pas qu’il y a des élections », résume avec détachement une jeune femme attablée avec ses amies devant une supérette.

Une opposition éclipsée par la machine de la transition

Si huit candidats sont officiellement en lice, la réalité du terrain montre un déséquilibre criant. Le général Oligui Nguema, fort du soutien massif du CTRI (Comité pour la transition et la restauration des institutions), domine les écrans, les murs et les discussions. En face, les autres prétendants peinent à exister. Sans partis politiques derrière eux – une première depuis l’introduction du multipartisme – ils se débattent entre causeries locales et publications sur les réseaux sociaux. Le manque de moyens, combiné à une répartition inégale du temps de parole, rend leur campagne presque invisible.

Oligui Nguema, favori d’une élection historique

Tombeur d’Ali Bongo à la suite du coup d’État d’août 2023, le général Oligui Nguema a su capitaliser sur son image de rénovateur du système. En dix-huit mois, il revendique des avancées majeures : nouvelle Constitution, nouveau Code électoral, relance économique, amélioration des infrastructures. Son discours de rupture avec le passé et sa posture de « sauveur national » semblent porter auprès d’une large frange de la population. Soutenu par le mouvement « Rassemblement des bâtisseurs », il apparaît comme le super favori d’un scrutin où ses adversaires les plus sérieux – comme l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilié By Nzé – peinent à cristalliser une opposition crédible.

Le scrutin du 12 avril s’annonce moins comme une confrontation politique que comme une validation populaire de la transition en cours. La forme même de la campagne, où un seul homme monopolise l’espace public, renforce cette impression. Si la démocratie gabonaise semble vivre une mutation profonde, elle se cherche encore une pluralité réelle. Loin des tribunes passionnées et des débats houleux d’antan, cette présidentielle ouvre peut-être une nouvelle ère politique : plus institutionnelle, mais aussi plus contrôlée. Reste à savoir si ce calme apparent débouchera sur une légitimation forte du pouvoir en place… ou s’il n’est que le prélude à une recomposition plus large du paysage politique gabonais.

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