Une Vague d’Avenir en Afrique

Le surf déferle sur la Côte d’Ivoire avec l’Africa Surf Tour à Assinie. Entre passion et défis, les surfeurs africains rêvent grand. Et après ?

Imaginez une plage dorée sous un soleil éclatant, où les vagues de l’Atlantique viennent s’écraser avec force. Sur ce littoral ivoirien, un jeune homme enduit sa planche de cire, prêt à défier l’océan devant un jury attentif. Nous sommes à Assinie, à 80 kilomètres d’Abidjan, où le surf, ce sport encore méconnu en Côte d’Ivoire, commence à faire des vagues. Mais derrière cette passion naissante, quelles histoires et quels défis se cachent pour ces surfeurs africains qui rêvent de conquérir les océans ?

Une Nouvelle Ère pour le Surf en Côte d’Ivoire

Avec ses 570 kilomètres de côtes bordant l’Atlantique, la Côte d’Ivoire possède un potentiel indéniable pour le surf. Longtemps éclipsée par des nations comme l’Afrique du Sud ou le Maroc, elle s’affirme peu à peu sur la scène africaine. Fin février, Assinie a vibré au rythme de l’Africa Surf Tour, une compétition continentale qui a marqué un tournant. Pour la première fois, ce coin de paradis a accueilli des surfeurs venus de tout le continent, prouvant que le surf n’est plus réservé à une élite lointaine.

D’après une source proche, cette montée en puissance ne date pas d’hier. Ces dernières années, de plus en plus d’Ivoiriens se sont laissés séduire par les vagues. Ce sport, autrefois perçu comme exotique, attire désormais des amateurs de tous horizons, des jeunes autodidactes aux compétiteurs aguerris.

Des Pionniers au Cœur de l’Élan

Parmi ces passionnés, un trentenaire se distingue. Originaire d’Assinie, il a grandi avec le bruit des vagues comme bande-son. Aujourd’hui, il ne se contente pas de surfer : il veut démocratiser ce sport. En fondant une ONG et une école de surf, il ouvre la voie à une nouvelle génération. « Ici, beaucoup apprennent seuls, en observant les plus expérimentés », confie un jeune spectateur de 22 ans, venu admirer les figures acrobatiques lors de la compétition.

« Il faut mettre les surfeurs africains en avant sur leur continent. »

– Un responsable de la Confédération africaine de surf

Cette ambition résonne comme un cri du cœur. Car si l’Afrique regorge de littoraux magnifiques et de vagues spectaculaires, elle reste à la traîne sur la scène mondiale. Pourtant, les talents ne manquent pas. À Assinie, les vagues qui se brisent près du rivage offrent un terrain d’entraînement unique, permettant aux surfeurs locaux de développer une lecture fine de l’océan.

Les Défis d’un Sport en Émergence

Mais surfer en Côte d’Ivoire, c’est aussi jongler avec des obstacles. À commencer par l’accès aux compétitions internationales. « Obtenir un visa pour l’Europe ou d’autres continents, c’est un casse-tête sans sponsors », déplore un surfeur de 29 ans, encore essoufflé après sa session. Même son de cloche du côté d’un jeune Libérien de 21 ans, venu représenter son pays. Pour lui, participer à l’Africa Surf Tour, c’est avant tout une chance de faire briller le Liberia, malgré les difficultés financières.

Car en Afrique de l’Ouest, le surf reste un luxe. Dans des pays comme le Liberia ou le Ghana, où l’autofinancement est la norme, les athlètes doivent souvent compter sur leur débrouillardise. Et puis, il y a le coût du matériel, un frein majeur pour beaucoup.

Le Prix de la Passion : Le Matériel

En Côte d’Ivoire, un atelier unique en son genre fabrique des planches depuis 2014. Situé à Abidjan, il produit entre 50 et 60 unités par an. Mais à quel prix ? Entre 350 000 et 500 000 francs CFA (533 à 762 euros), ces planches restent hors de portée pour la majorité. À titre de comparaison, le salaire minimum mensuel ivoirien oscille entre 60 000 et 75 000 francs CFA. Résultat : les amateurs se tournent vers des dons de planches usagées.

Élément Prix (CFA) Équivalent (€)
Planche de surf 350 000 – 500 000 533 – 762
Salaire minimum mensuel 60 000 – 75 000 91 – 114

Certains matériaux, comme la résine ou la fibre de verre, sont importés d’Afrique du Sud, gonflant encore les coûts. Face à cela, les surfeurs amateurs s’entraînent comme ils peuvent, souvent avec des équipements de seconde main.

Vivre du Surf : Un Rêve Réservé à Quelques-uns

Sur les 46 participants à l’Africa Surf Tour, seuls cinq vivent réellement de leur passion. Parmi eux, un Sud-Africain, vainqueur de l’épreuve, et quatre Sénégalais. L’un d’eux, installé en Californie, vise les Jeux olympiques. « Être champion ici, c’est bien, mais il faut voyager pour se mesurer aux meilleurs », explique-t-il. Une réalité qui souligne un paradoxe : pour briller, les surfeurs africains doivent souvent quitter leur continent.

  • Autofinancement : La norme pour beaucoup de surfeurs ouest-africains.
  • Visa : Un obstacle majeur pour les compétitions internationales.
  • Matériel : Des prix prohibitifs qui limitent l’accès.

Et Après ? L’Avenir du Surf Africain

Alors que le soleil se couche sur Assinie, les planches s’alignent sur le sable, et les rêves, eux, continuent de flotter sur les vagues. Le surf en Côte d’Ivoire n’en est qu’à ses débuts, mais son potentiel est immense. Entre initiatives locales, comme les écoles de surf, et événements d’envergure comme l’Africa Surf Tour, le mouvement prend de l’ampleur. Mais pour que cette vague devienne un tsunami, il faudra lever les barrières financières et logistiques.

En attendant, les surfeurs ivoiriens et africains continuent de ramer, portés par une passion qui défie les obstacles. Et si demain, un champion olympique venait d’Assinie ou de Dakar ? L’histoire reste à écrire, une vague à la fois.

À retenir : Le surf en Côte d’Ivoire, c’est une révolution en marche, entre talents bruts et défis colossaux.

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