Ursula von der Leyen expose sa vision de la compétitivité axée sur la technologie – Euractiv FR

Espérant être reconduite à la tête de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a exposé ce jeudi (18 juillet) sa vision pour stimuler la compétitivité de l’UE sur les marchés mondiaux. Concrètement, elle a évoqué la mise en place de règlements existants et de nouvelles propositions dans ses priorités politiques pour le prochain mandat de l’UE 2024-2029.

La candidate du Parti populaire européen (PPE), Mme Von der Leyen, sera soumise au vote du Parlement européen ce jeudi (18 juillet) pour décider de sa réélection pour un nouveau mandat.

Depuis que le Conseil européen l’a nommée candidate à un second mandat le 27 juin, elle s’est attelée à courtiser les partis de tout l’échiquier politique pour atteindre la majorité nécessaire à son approbation par le Parlement.

« La compétitivité de l’Europe est entravée par sa faible productivité par rapport à ses concurrents mondiaux directs », a indiqué la candidate à la présidence de la Commission, proposant de mieux diffuser la technologie à travers les secteurs.

La Commission renforcera l’application des réglementations existantes, telles que le règlement européen sur les services numériques (Digital Services Act, DSA), axé sur la modération du contenu, ainsi que le règlement européen sur les marchés numériques (Digital Markets Act, DMA), qui se concentre sur la concurrence et l’encadrement des activités économiques des grandes plateformes. Le but étant que les grandes entreprises technologiques « assument leurs responsabilités », a-t-elle ajouté.

La technologie occupe une grande partie du document sur ses priorités, alors qu’elle était relativement absente des programmes précédents du parti. Son approche est globalement en phase avec le rapport de haut niveau de l’ancien Premier ministre italien Enrico Letta sur l’avenir du marché unique européen, publié en avril.

Intelligence artificielle

Mme Von der Leyen a proposé trois mesures concernant directement l’intelligence artificielle (IA).

La première consiste à améliorer l’accès aux ordinateurs d’IA au cours des 100 premiers jours de sa présidence, par le biais d’une initiative « usines d’IA ». Cette initiative semble renforcer une politique existante visant à mettre en place des centres de données que les petites entreprises et les startups peuvent utiliser pour accéder aux ressources d’IA.

La candidate à la présidence de la Commission a déclaré qu’elle proposerait et « appliquerait une stratégie en matière d’IA pour encourager de nouvelles utilisations industrielles de l’IA et améliorer l’accès à divers services publics, tels que les soins de santé ».

Elle a également proposé la création d’un Conseil de recherche sur l’IA destiné à « mettre en commun les ressources », à l’instar de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire, CERN, le laboratoire de physique paneuropéen.

Pour soutenir le développement de l’IA et d’autres technologies de pointe, Mme von der Leyen a attiré l’attention sur l’importance de l’accès aux données pour les entreprises.

« L’Europe a besoin d’une révolution en matière de données », et c’est pourquoi elle proposera une « stratégie européenne pour les données » visant à simplifier le cadre juridique du partage des données à grande échelle, tout en gardant à l’esprit la protection de la vie privée et la sécurité.

Investissements

« Ce mandat doit être celui de l’investissement », a déclaré Mme Von der Leyen dans son discours ce jeudi matin (18 juillet).

Mme Von der Leyen a proposé une série de mesures visant à améliorer l’accès aux capitaux pour les entreprises de l’UE, affirmant que l’Europe a besoin « d’un marché des capitaux liquide et d’une politique en matière de concurrence qui aide les entreprises à se développer », car les technologies stratégiques doivent être « fabriquées ici, en Europe », et les entreprises innovantes doivent rester en Europe, a-t-elle déclaré aux députés ce jeudi.

Dans son texte sur les priorités, elle a annoncé vouloir augmenter les dépenses consacrées à la recherche en mettant l’accent sur les nouvelles technologies, en créant notamment un nouveau fonds de compétitivité pour les technologies stratégiques telles que l’intelligence artificielle, l’espace et les biotechnologies.

Les projets d’« intérêt commun » pour lesquels des investissements seront consacrés seront annoncés au début de l’année 2025.

La biotechnologie bénéficiera de sa propre législation en 2025 afin d’accélérer le passage des produits des laboratoires aux usines, a-t-elle abondé.

Le Conseil européen de la recherche et le Conseil européen de l’innovation seront « développés », a poursuivi Ursula von der Leyen. Ces deux organes visent à stimuler les investissements dans la recherche de pointe et le développement des startups.

Concurrence

Mme Von der Leyen a proposé de revoir la politique de concurrence existante afin de rester au niveau des marchés mondiaux.

La question de la concurrence s’est montrée quelque peu épineuse avec des doutes sur le fait que les règles actuelles permettent l’émergence de grandes entreprises européennes, en particulier dans le secteur des télécommunications. La Commission a également mis en œuvre le DMA, cible des grandes entreprises technologiques qui opèrent un certain monopole dans le domaine de l’économie numérique.

Mme Von der Leyen souhaite également réviser la directive sur les marchés publics afin de privilégier les produits européens dans les secteurs stratégiques.

Société et technologie

Pour soutenir ces initiatives, Mme von der Leyen souhaite également accroître la disponibilité de main-d’œuvre qualifiée dans ces secteurs. Elle a notamment proposé un plan stratégique pour l’enseignement des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques afin de remédier au « déclin inquiétant » du nombre d’enseignants qualifiés dans ce domaine.

Faisant allusion aux initiatives précédentes des députés européens en matière de conception addictive, Mme von der Leyen a précisé qu’elle proposerait un « droit à la déconnexion » des technologies numériques en vue de préserver la santé mentale.

« Mon cœur saigne quand je vois que des adolescents mettent fin à leurs jours à cause d’abus en ligne », a-t-elle déclaré aux députés européens.

[Théophane Hartmann a contribué à la rédaction de cet article]


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