Depuis quelques semaines, le Cameroun est touché par une vague de violences xénophobes qui suscitent des interrogations sur la cohésion nationale.
Les Fang de la région de Méyo s’en prennent ainsi violemment aux Bamiléké et Bamoun anglophones, des violences qui ont suivi la mort de deux habitants de Méyo.
A ces violences ethniques s’ajoutent, à sept mois de la tenue de l’élection présidentielle, un contexte politique tendu puisque les Fang soutiennent le président Paul Biya, tandis que les Bamiléké et Bamoun sont plutôt des partisans de l’opposant Maurice Kamto.
Tensions interethniques
Les tensions interethniques sont en train de s’accroître au Cameroun, notamment à Méyo-centre, dans la région du Sud, où des affrontements ont opposé les habitants locaux, essentiellement issus de l’ethnie fang, à d’autres issus des régions du Nord-Ouest et de l’Ouest et appartenant aux communautés bamiléké et bamoun.
Ces derniers sont accusés d’être à l’origine de l’insécurité dans la localité et la mort récente de deux habitants de Méyo a déclenché le début des violences.
Selon l’universitaire et homme politique Prosper Nkou Mvondo, ces tensions sont alimentées par la Constitution camerounaise qui divise les citoyens.
« Lorsque dans la Constitution du Cameroun, on procède à une division bipartite des citoyens camerounais en halogènes d’un côté, en autochtones de l’autre, le fait d’ériger cela en norme juridique a forcément des conséquences sur le plan sociologique. Cela nourrit le système !
Lorsqu’on assiste à des violences, surtout en ce moment d’élection, cela amène à créer la psychose, notamment auprès de ceux qu’on considère comme étrangers, qui auront peur d’aller voter, peur des représailles. »
Ces tensions ne sont pas isolées, car des événements similaires ont eu lieu à Ngomedzap, dans le centre du Cameroun, en début d’année, après l’agression mortelle d’un conducteur de moto par un habitant bamoun.
Actes de discrimination
Les populations locales ont alors lancé une campagne xénophobe, fermant les commerces des Bamoun et les sommant de quitter la ville. Malgré l’interpellation du suspect, les violences et les discriminations persistent.
Foumban est le chef-lieu du département du Noun, dans la région de l’Ouest. La ville est notamment connue pour être le site du palais des sultans bamoun.
Son maire, Tomaïno Ndam Njoya, dénonce des discriminations qui sont, selon lui, destinées à empêcher les gens de voter.
« Nous sommes en année électorale, mesdames et messieurs, et il se passe des événements comme ceux-là au Cameroun. Pensez-vous que les Camerounais peuvent voter dans ces conditions ?
Je suis allé jusqu’au fond et j’ai appris qu’à Ngomedzap, par exemple, les allogènes n’ont pas le droit de pratiquer un secteur d’activité qui ne leur est pas de façon concrète concédé.
Vous pouvez vous imaginer que vous êtes au Cameroun, que vous payez vos droits et taxes et que vous n’avez pas l’autorisation de faire le moto-taxi, par exemple, parce que le moto-taxi doit être laissé aux autochtones, et vous fermez les yeux sur cette privation de liberté ? C’est très grave. »
Problèmes sociaux de fond
La situation politique au Cameroun est déjà fort complexe, avec une combinaison de facteurs graves tels que la crise anglophone, la pauvreté, le chômage et la corruption, qui affectent une grande partie de la population.
Toutes ces frustrations ont réussi à créer un climat très tendu dans le pays.
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