Victoires et défis d’une écolo en banlieue

En 2021, Maude Carmel a quitté Montréal, où elle a grandi, pour s’établir avec son conjoint à Chambly. Un rêve nourri par un désir d’espace, de nature et d’autosuffisance, mais aussi habité par la détermination d’y transposer son mode de vie écoresponsable. Est-il possible de vivre dans le respect de l’environnement au royaume de la voiture ? Maude Carmel a documenté sa quête dans le Journal d’une écolo en banlieue.




Dans l’imaginaire collectif, la banlieue est associée à la voiture, aux grandes maisons et à la surconsommation. Est-ce qu’y habiter est forcément irréconciliable avec une vie écoresponsable ?

Il faut utiliser les espaces autrement, c’est certain. Il y a des défis supplémentaires pour arriver à avoir le même mode de vie que quand on habite dans une grande métropole, à proximité des transports en commun et des commerces. Mais avec une bonne dose de volonté, c’est possible. Ça dépend aussi des banlieues. Si on a le luxe ou le privilège de pouvoir s’installer près du petit cœur villageois de la banlieue ou près du terminus de bus ou de train, c’est sûr que ça facilite les choses. Pour notre part, il fallait que la maison soit à un maximum d’un kilomètre du terminus de bus et de 15 minutes de marche d’une épicerie, pour qu’on puisse avoir une seule auto.

Quelles étaient vos principales appréhensions au départ, les défis que vous entrevoyiez qui seraient les plus importants ?

La voiture. Au-delà de la dimension écologique, je n’aimais pas conduire, je n’étais pas quelqu’un qui conduisait à la base, donc je savais que j’allais devoir conduire davantage, pour aller d’une banlieue à l’autre, par exemple. Parce que oui, d’aller de Chambly à Montréal en transports en commun, c’est faisable, mais d’aller de Chambly à Delson, à Saint-Constant ou à Longueuil, c’est beaucoup plus complexe.

Ce qui vous a notamment incités à quitter votre appartement montréalais, c’est l’idée de vous rapprocher de la nature. C’est un déchirement avec lequel de nombreuses personnes qui sont sensibles à l’environnement vivent, puisque dans un contexte d’étalement urbain, cet amour de la nature est parfois difficile à concilier avec une faible empreinte carbone…

Quand on pense à quelqu’un qui a un mode de vie écologique, on pense à une personne qui habite dans un petit trois et demie à côté d’un métro et d’un marché en vrac, mais aussi à une personne qui habite dans le fin fond d’un rang, à la campagne, qui élève ses poules et qui a son jardin. Mais on ne réalise pas que cette personne a probablement un très grand terrain, donc utilise beaucoup de ressources et est complètement dépendante de l’auto. On ne pense jamais à une personne en banlieue quand on pense à une personne écolo, alors que je trouve que c’est un meilleur entre-deux que d’habiter à la campagne pour que l’utilisation de l’auto soit conjuguée à l’utilisation des transports actifs et collectifs.

Après deux ans et demi de vie banlieusarde, un enfant en plus et un bébé à venir, quel regard posez-vous sur votre mode de vie ?

Je suis fière du mode de vie qu’on a. On a choisi une pas trop grosse maison. Je suis fière du fait que chacune de nos décisions concernant le terrain soit liée à la biodiversité et qu’on essaie d’optimiser notre espace le plus possible. Mais c’est sûr que je prends plus l’auto [une voiture à essence, mais achetée usagée] que ce à quoi je m’attendais. La première année, alors que je n’avais pas encore d’enfant, je me déplaçais beaucoup plus à vélo et en transports en commun. Je n’avais pas pensé que la petite enfance comporte tellement de défis sur le plan des déplacements. Parfois, c’est tellement compliqué qu’on y va en auto. Le temps est une denrée rare.

On parle souvent de comportements individuels, mais quel rôle peuvent jouer les institutions pour aider les citoyens à changer leurs habitudes ?

Rendre les pistes cyclables plus sécuritaires, en ajouter, et augmenter la fréquence des transports en commun. Mais si personne n’utilise les transports en commun, comment voulez-vous que la ville veuille investir pour en augmenter la fréquence ? Donc c’est l’œuf et la poule tout le temps. Qui va encourager l’autre ? Mais les municipalités ont vraiment plus de pouvoirs qu’on pense parce qu’elles sont près des besoins des citoyens sur le plan de l’aménagement du territoire. Construire des condos qui sont loin de tout commerce de proximité, ce n’est pas un geste qui va favoriser de bons comportements, c’est certain. Aussi, élargir les trottoirs, faire des rues piétonnes, mettre des obstacles à la voiture et enlever les obstacles au vélo. Ce n’est pas normal que ce soit plus facile de me stationner en auto que de me stationner à vélo quand je me rends dans un commerce.

Journal d’une écolo en banlieue

Journal d’une écolo en banlieue

Les Éditions du Journal

176 pages

Qui est Maude Carmel ?

Comédienne qu’on a pu voir dans Tactik et Les Parent, Maude Carmel est devenue animatrice, chroniqueuse et créatrice de contenu.

Par l’entremise de son compte Instagram @bravo_maude, suivi par plus de 15 000 personnes, elle prône l’adoption d’un mode de vie écoresponsable.

Elle signe aussi tous les mois une chronique en lien avec l’environnement dans le média 24 heures.


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