Vidé et parade ? Ces mots qui désignent des réalités différentes sont parfois appréhendés de manière confuse. Présidente de l’Association Recherches et Traditions, Marie-Lyne Psyché-Salpétrier partage son éclairage sur ces composantes majeures de la liesse carnavalesque.
À écouter Marie-Lyne Psyché-Salpétrier, si les vidés constituent certes de joyeux espaces de défoulement, l’une des volontés animant les carnavaliers est peut-être plus profonde, voire intime. Une spécialiste qui souligne également le caractère historique de ces exutoires collectifs et individuels.
Nos vidé tels que nous les connaissons maintenant sont une vraie expression de la liesse populaire, de notre joie, de vouloir se vider, c’est-à-dire se débarrasser de toute la charge de la vie quotidienne. Ces vidé sont issus de ces convois et sociétés d’esclaves qui ont perduré du 17ème au 19ème siècle, jusqu’à ce qu’ils soient interdits lorsque leur nombre et importance symbolique devenaient trop dangereux aux yeux des dirigeants de l’époque.
Marie-Lyne Psyché-Salpétrierinterrogée sur la chaîne YouTube My Carnival en 2021
Après avoir indiqué l’une des acceptions du mot « vidé », la présidente de l’Association Recherches et Traditions explique la nuance entre cette pratique et la parade.
On parle de vidé parce que pendant les jours gras la population se déverse dans les rues au rythme des ti-bwa, chacha, tambours et sonos. Chez nous on parle de vidé, car il y a toute cette énergie. Mais pendant toute la période précédant les jours gras, on va parler de parades. Là on est plutôt dans l’organisation d’un carnaval-spectacle, là les groupes à pied veulent se montrer, offrir à la vue leurs ‘’presque futurs’’ costumes.
Marie-Lyne Psyché-Salpétrierinterrogée par Grégory Gabourg
Marie-Lyne Psyché-Salpétrier partage alors un constat qui confirme la puissance de l’attractivité des sonorités et rythmes de notre carnaval. Souvent irrésistible, cet attrait finirait néanmoins par engendrer une certaine confusion dans la perception des composantes majeures de cette période de liesse.
Mais depuis plusieurs années on remarque – le carnaval faisant tellement partie de nous – que les carnavaliers visiteurs ne peuvent rester insensibles à la musique et qu’ils s’embarquent derrière les groupes. Donc il y a de plus en plus de vidé pendant les jours de parades qui précèdent les jours gras. Finalement le carnavalier en fait des jours de vidé, malgré tout.
Marie-Lyne Psyché-Salpétrierau micro de Grégory Gabourg
Citant l’écrivain et penseur Goethe, Marie-Lyne Psyché-Salpétrier indique régulièrement que « le carnaval appartient au peuple« .
À écouter le constat précédent dressé par la spécialiste, il semble que le « peuple » soit aussi souverain dans le maintien, ou non, des traditions inhérentes à cette fête collective.
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