Lors d’une conférence de presse à Conakry hier, mercredi 15 mai 2024, Amnesty International a dévoilé un rapport qui accable la Guinée de multiples violations des droits de l’homme. Cette ONG a surtout mis en lumière les graves violations du droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique perpétrées dans le pays. Dans ce rapport de 60 pages, Amnesty International révèle le cas d’une série de manifestations ayant entraîné des cas de tueries et de blessés par balles de 2019 à nos jours, mettant ainsi en péril les libertés d’expression et de réunion des citoyens.
Dans un entretien exclusif accordé à Guineematin.com ce mercredi, 16 mai 2024, Dr Édouard Zoutomou Kpoghomou, le président de l’union démocratique pour le renouveau et le progrès (UDRP), regrette le silence de l’État et la recrudescence des violations des droits de l’homme sous l’ère CNRD.
« Le rapport est accablant. Bien sûr ils ont mis l’accent plutôt sur ce que j’ai lu sur les 47 morts pendant cette période de transition. On est d’accord que les manifestations avaient fait beaucoup de cas de mort, les gens qui sont décédés sous effet des armes de guerre, mais c’est les 47 morts sous l’ère CNRD, qui était censé de ne répéter les erreurs du passé parce que justement les brimades et les tueries lors des manifestations faisaient partie de ces erreurs du passé. Et même pendant la prise du pouvoir le 5 septembre 20221, il y a eu les cas de mort. Nous nous pensions que tout cela doit être élucidé pour permettre aux parents de ces victimes d’enterrer les proches, leurs parents dans la plus grande dignité », a dit cet acteur politique.
Pour cet acteur majeur de l’ANAD, “l’entrave aux évacuations et à la prise en charge médicale des blessés” dans les structures sanitaires dont fait cas Amnesty, relèvent de la responsabilité de l’État d’assurer la prise en charge médicale des victimes des manifestations.
« Ce sont les forces de défense et de sécurité qui sont pointées du doigt dans ces dégâts. C’est une obligation même pour l’État qui est une continuité de pouvoir venir en aide à ses blessés. Au niveau des partis politiques, je crois qu’il y a eu des efforts pour pouvoir venir au secours de certains malades. Mais il y a eu des interpellations surtout pour rendre l’État responsable. Parce que l’État est responsable en même temps que les organisateurs de ces manifestations. Mais ce sont les agents de l’État qui viennent sur le terrain avec les armes de guerre sous prétexte d’aller maintenir l’ordre et c’est pourquoi il y a eu des tueries. Ça veut dire qu’ils (le CNRD) nous ont vendu des promesses qui n’ont jamais été tenues. Quand on veut rompre avec les pratiques du passé, on rompt complètement avec les pratiques du passé. Si les mêmes erreurs sont en train d’être reprises, ça veut dire qu’on n’est pas prêt à rompre avec ces pratiques. Quand on est en plein dans la démagogie, la gabegie, le détournement et la corruption, ça veut dire qu’on n’est pas prêt à prendre des mesures », a dénoncé le président de l’UDRP.
Enfin, Dr Édouard Zoutomou Kpoghomou en déduit le silence du gouvernement face à ce rapport de l’Amnesty International comme une culpabilité assumée.
« L’État se sent coupable dans cette affaire. Il est dans l’incapacité de nier son implication à travers les forces de défense et de sécurité. Pour nous, en tant que politique, l’État est en train de mettre en exergue sa responsabilité en tentant de maintenir le silence. Or, le silence est coupable », a-t-il conclu.
Malick DIAKITE pour Guineematin.com
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