Les attaques de gangs persistent face à une population sans défense. Deux membres de la Congrégation des Petites sœurs de Sainte Thérèse ont été tuées lundi 31 mars, lors d’une attaque qui a eu lieu dans la ville de Mirebalais, située à une soixantaine de kilomètres de la capitale Port-au-Prince. Dans un communiqué rendu public le 3 avril, la Conférence épiscopale a exprimé son indignation, dénonçant l’inaction des autorités haïtiennes face à l’insécurité grandissante.
Myriam Sandouno – Cité du Vatican
«Je ne sais plus combien de fois l’Église a interpellé la communauté internationale», se désole Mgr Jean Désinord, évêque de Hinche, peiné par la violence meutrière des gangs qui fait rage dans son pays. Les attaques barbares s’intensifient dans plusieurs quartiers de la capitale haïtienne, ainsi que dans la ville de Mirebalais où dans la nuit de lundi 31 mars au mardi 1er avril, «des groupes d’individus lourdement armés ont terrorisé la population avec une violence insoutenable», rapporte un communiqué de l’Évêché de Hinche. Parmi les victimes, on compte deux religieuses de la Congrégation des Petites Sœurs de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, les Sœurs Evanette Onezaire et Jeanne Voltaire, dont «l’engagement et le dévouement au service de l’éducation des enfants force l’admiration», ont été assasinées.
Attaque des gangs
Mirebalais est la dernière ville en date à avoir été prise d’assaut par les groupes de gangs venus de Port-au-Prince. Les criminels se sont attaqués à des commerces et à des postes de police. Plus de 500 détenus se seraient évadés. «Lorsque les gangs sont arrivés, les religieuses, apeurées, se sont réfugiées chez des voisins, raconte Mgr Jean Désinord. C’est dans cette maison qu’elles ont été assassinées avec d’autres occupants. On parle de 6 à 7 personnes, et jusqu’à présent, les corps n’ont pas été récupérés».
Une population sans défense
Il y a environ un an, poursuit-il, Mirebalais a fait face à deux tentatives d’attaques, mais les gangs ont fléchi devant la résistance des habitants. Mais en début de semaine, ils ont pénétré la ville «avec beaucoup plus de force en utilisant d’autres stratégies» déplore l’évêque. De «façon discrète, ils se sont installés à Mirebalais des semaines avant, puis ont attaqué la ville de l’intérieur, pendant qu’arrivaient par la route principale des renforts de gangs», explique Mgr Jean Désinord.
Les forces de police, arrivées tardivement sur place, ont eu du mal à contenir les gangs, déjà infiltrés dans les maisons de la ville. «Ils ont tué beaucoup de gens, et on a comme l’impression que la population est vraiment livrée à elle-même, elle est sans défense», témoigne-t-il. Au moins un des presbytères du diocèse de Hinche a été investi par des individus armés qui ont contraint les prêtres présents de leur donner accès à l’enceinte de l’église, avant d’abattre le gardien presbytère sous leurs yeux.
Foi et unité
Le diocèse, meurtrie par cette situation, exprime sa solidarité avec toutes les familles des victimes, et dénonce une barbarie qui laissera une cicatrice profonde dans la société. L’Évêché de Hinche appelle à la fin des violences, tout comme l’ensemble de la Conférence épiscopale d’Haïti. L’Église catholique déplore l’inaction des autorités haïtiennes et invite le peuple à la vigilance, à la solidarité et à la prière, mais aussi à ne pas céder à la haine ou à l’indifférence. «Résistons par la foi et par l’unité, refusons la violence définir notre avenir», lancent les évêques.
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