Vivienne Westwood (1941-2022), lady subversion, rebelle de la mode

La créatrice de mode britannique Vivienne Westwood (1941-2022) saluée à la fin du défilé de sa collection printemps-été 1995 (Paris, octobre 1994)
La créatrice de mode britannique Vivienne Westwood (1941-2022) saluée à la fin du défilé de sa collection printemps-été 1995 (Paris, octobre 1994)

© Getty – Photo by Daniel SIMON/Gamma-Rapho via Getty Images

Vivienne Westwood, créatrice de mode britannique, est décédée à Londres le 29 décembre 2022. Elle avait 81 ans. À la cérémonie organisée quelques mois après sa mort et qui rassemblait ses amis venus du monde entier, il y avait de l’anticonformisme dans l’air et beaucoup de joie de vivre. La joie, c’est pouvoir porter des vêtements pensés comme un pied de nez à la rigidité du monde avec faux cul, voilette, déchirures et talons insolents. La joie, c’est savoir que ces vêtements, méticuleusement réfléchis, ont été taillés dans des grands pans d’histoire.

« L’unique raison de mon engagement dans la mode est de détruire le mot conformisme », aimait rappeler celle qui sera anoblie par la Reine Elisabeth II, après avoir endossé à jamais la piquante couronne de « Reine du punk ». Au début des années 1970, elle ouvre avec son compagnon Malcolm McLaren, futur manageur des Sex Pistols, une boutique un peu particulière située dans le quartier de Chelsea, à Londres, au 430 Kings Road. Vivienne Westwood vient d’avoir 30 ans. Elle a quitté son métier d’institutrice, elle a quitté son premier mari, Derek Westwood (mais elle en a conservé le patronyme qu’elle rendra plus que célèbre) et elle s’essaie à des expérimentations vestimentaires.

La boutique est un lieu où se retrouve toute une jeunesse contestataire et quelques « vieux pervers » comme s’en amusent les jeunes pour parler de leurs ainés attirés par les collections de latex. C’est une matrice vivante, ventre futur du mouvement punk. D’abord baptisée Let it Rock, elle change de nom en 1973 et devient Too fast to live, too young to die. L’année suivante, le mot Sex s’affiche en lettres roses sur la devanture du magasin. Pendant dix ans, Malcolm McLaren et Vivienne Westwood brouillent les cartes et les identités. En 1976, la boutique répond du nom de Seditionaries, puis ce sera Worlds End, nom qu’elle continue de porter aujourd’hui.

Vivienne Westwood (1941-2022) en 1982 (Londres)
Vivienne Westwood (1941-2022) en 1982 (Londres)

© Getty – Photo by Michael Putland/Getty Images

Quand s’ouvre la décennie des années 1980, Vivienne Westwood professionnalise sa relation avec la mode. Elle crée une entreprise à son nom, indépendante. Et si elle surprend, tout le monde s’accorde à dire qu’elle est une des plus grandes créatrices de mode du 20e siècle. Chaque collection questionne et grattouille avec une irrévérence joyeuse là où ça chatouille. Éprise de culture et de littérature, Vivienne Westwood ne s’interdit rien, elle superpose les couches d’Histoire, un peu de France, un peu d’Angleterre, elle attrape ce qui lui plait dans l’art classique et sensuel d’un Fragonard autant que dans le trait énergique d’un Keith Haring.

Activiste convaincue, tournée vers la jeunesse et l’avenir du monde, elle passe, en 2016, les commandes de sa marque à son mari Andreas Kronthaler pour mieux se concentrer à la défense des grandes causes écologiques, sociales et politiques.

Vivienne Westwood et son mari Andreas Kronthaler lors de l'exposition "AngloMania" au Metropolitan Museum of Art (New-York, 2006)
Vivienne Westwood et son mari Andreas Kronthaler lors de l’exposition « AngloMania » au Metropolitan Museum of Art (New-York, 2006)

© Getty – Photo by Rabbani and Solimene Photography/WireImage

Archives Ina

  • Annonce de la mort de Vivienne Westwood dans le journal de 08h00 (France Inter, 30.12.2022)

Lectures des textes, adaptés du livre Vivienne Westwood. Défilés d’Alexander Fury, par Emmanuelle Polle.

Bibliographie sélective

  • Didier Grumbach,  Histoires de la mode (Le Regard, 2017)
  • Tim Heron,  Alternative Ulster ! – La scène punk en Irlande du Nord (1976-1983) (Riveneuve, 2021)
  • Alexander Fury,  Vivienne Westwood. Défilés (La Martinière, 2021)
  • Alexandre Samson (sous la direction de),  1997. Fashion Big Bang (Paris Musée, 2023). Catalogue de l’ exposition éponyme présentée au Palais Galliera du 07 mars au 16 juillet 2023
  • Vivienne Westwood et Ian Kelly,  Vivienne Westwood (Picador UK, 2015). En anglais

Musique

  • Nick Cave, Into my arms
  • The Chordettes and Lollipops, Humming bird
  • Electric Prunes, I had too much too dream
  • The Troggs, I can’t control myself
  • The Sex Pistols, Anarchy in the UK
  • Eddie Cochran, Summertime blues
  • The Clash, London calling
  • Sarah Stockbrigde, Swing the mini crini, ring the bell
  • X-Ray Spex, Oh Bondage ! Up yours !
  • Beau Catcheur, Anarchy in the UK

Actualité

Générique

Un documentaire d’Emmanuelle Polle, réalisé par Véronique Samouiloff. Prises de son, Eric Audra, Christophe Michou, Noé Chabane et Grégory Wallon. Mixage, Eric Villenfin. Archives Ina, Haude Vassent. Documentation d’actualité, Sophie Scheiblin. Coordination, Christine Bernard. Attachée de production et page web, Sylvia Favre-Steyaert.

Pour aller plus loin

  • Le site de la créatrice Vivienne Westwood
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