L’épouse de l’ambassadeur de l’Algérie au Mali a été refoulée à son arrivée en France au motif qu’elle ne disposait pas de suffisamment d’argent pour son séjour sur le sol français. Cette décision est dictée par les très vives tensions qui secouent les relations entre les deux pays
Cette décision, que les autorités algériennes imputent au ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau qualifié par Alger de « rancunier », n’est qu’un énième épisode de la grave crise qui secoue les relations entre Paris et Alger.
Vendredi dernier, le président français Emmanuel Macron a pris la parole pour la première fois pour calmer le jeu, et appelé à « régler » le cas de l’écrivain Boualem Sansal, toujours détenu à Alger, comme gage de « confiance ».
La « détention arbitraire » de Sansal, ainsi que « sa situation de santé », « nous préoccupent beaucoup », a déclaré Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse à Porto (Portugal).
« Il ne faut pas que (les relations) fassent l’objet de jeux politiques », a-t-il ajouté.
En janvier, le chef de l’Etat avait estimé que l’Algérie se « déshonore » en ne libérant pas l’écrivain, s’attirant alors une riposte cinglante d’Alger qui avait dénoncé une « immixtion inacceptable dans une affaire intérieure ».
Le refus de l’Algérie d’accepter des ressortissants en situation irrégulière renvoyés par Paris, dont l’auteur d’un attentat qui a fait un mort le 22 février à Mulhouse (est de la France), a fini aussi d’envenimer des relations déjà très dégradées.
Le ressortissant algérien en situation irrégulière en France, placé sous OQTF, a fait l’objet de 10 refus d’accueil de la part de son pays d’origine, l’Algérie.
« Rien ne peut prévaloir sur la sécurité de nos compatriotes », a concédé Emmanuel Macron face à l’émotion suscitée en France par l’attentat de Mulhouse.
« Les accords signés en 1994 (…) de reprise automatique (de) ressortissants, il faut qu’ils soient pleinement respectés », a-t-il insisté tout en refusant d’en faire un casus belli. « Les statistiques montrent qu’il y a un travail, une coopération qui existe », a-t-il relevé.
Le ministre français de l’Intérieur a affirmé que fait de ce refus, comme de celui de reprendre un inflenceur algérien qui appelait à la violence en France, est un affront pour la France.
Même si le l’Etat a estimé qu’il n’était pas question de dénoncer les accords de 1968 « de manière unilatérale », son Premier ministre François Bayrou n’avait pour sa part pas exclu mercredi une « dénonciation » de tous accords bilatéraux en matière migratoire s’ils n’étaient pas réexaminés dans un délai d’ »un mois, six semaines », ce qui a été perçu comme un ultimatum à Alger.
Alors que l’Algérie n’arrête pas de crier au complot mené par « une extrême droite revancharde et haineuse », la voix de l’ancien président socialiste François Hollande vient s’ajouter aux voix appelant Alger à mettre fin à ses provocations.
Dans une interview accordée à la chaîne d’information BFM TV, vendredi 28 février, l’ancien président a fustigé le le fait que « l’Algérie n’a pas accepté ce qu’elle devait néanmoins adopter, c’est-à-dire de faire en sorte que ceux qui n’ont rien à faire sur le territoire français, et qui sont des ressortissants algériens, puissent disposer, pour être reconduits et ensuite admis sur le territoire algérien, d’un laissez-passer consulaire ».
« Ce n’est pas une situation nouvelle, mais c’est une situation qui a beaucoup choqué compte tenu des évènements de ces derniers jours», a-t-il poursuivi, faisant référence à l’attentat de Mulhouse.
« Donc oui, il faut être ferme! Mais avec l’Algérie, il faut aussi dialoguer, car à un moment, il faut trouver une issue. Il faut montrer qu’on n’accepte pas un certain nombre de choses qui ne sont pas compatibles avec le droit, y compris avec nos traités (…) Ce que je veux, c’est que des ressortissants algériens qui n’ont rien à faire sur le territoire français, et qui peuvent être un danger, puissent retourner en Algérie et avoir les sanctions éventuelles ou les accueils nécessaires », a-t-il dit.
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