« Aucun Guinéen ne se sent en sécurité dans le pays » : entretien avec Souleymane Sow d’Amnesty

Il faut sans doute une bonne dose de courage pour, comme le fait Thierno Souleymane Sow, donner de la voix pour exiger le respect de l’État de droit dans une Guinée où, depuis plusieurs mois, les enlèvements et les disparitions forcées d’activistes se sont multipliés.

En ce mois de février, le directeur exécutif d’Amnesty International Guinée est de passage en Europe, pour un rapide séjour. Il s’est notamment rendu au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, à Genève, pour livrer sa vision de l’état des lieux du respect des droits humains dans son pays. Dans quelques semaines, l’organe onusien va en effet publier les conclusions de son « examen périodique universel ». Un processus au terme duquel une série de recommandations seront formulées aux États concernés.

« Deux poids, deux mesures »

Le dernier, pour la Guinée, avait été dressé en 2020, sous Alpha Condé. Cinq ans après, la situation s’est-elle améliorée ? Non, répond en substance Thierno Souleymane Sow dans l’entretien en vidéo qu’il a accordé à Jeune Afrique ce 26 février. « Le général Mamadi Doumbouya s’était engagé à ce qu’il n’y ait plus de morts. Et malheureusement, entre 2022 et 2024, nous avons encore dénombré une cinquantaine de décès lors de manifestations », note-t-il.

Revenant longuement sur les disparitions d’Habib Marouane Camara, d’Oumar Sylla alias Foniké Menguè, et de Mamadou Billo Bah, ainsi que sur l’enlèvement récent d’Abdoul Sacko, il dit son « inquiétude » face à ce qu’il qualifie de « retour aux pratiques anciennes ».

Il pointe aussi du doigt ce qu’il qualifie de « deux poids, deux mesures » au sujet de l’interdiction des manifestations, qui ne semble pas s’appliquer aux multiples évènements organisés ces dernières semaines pour soutenir le président de la transition guinéenne.