malgré l’avancée du M23, Félix Tshisekedi fait l’autruche

La posture de Félix Tshisekedi a de quoi surprendre. Alors que tous les acteurs qui travaillent à ramener la paix dans son pays ont fini par admettre que sa position de ne pas dialoguer avec le M23 est devenue obsolète, le président congolais continue pourtant à s’y tenir.

Discuter directement avec les rebelles, selon lui, cela reviendrait à cautionner l’humiliation de son régime. En soi, ce n’est pas faux ! Sauf que ces rebelles-là ont sans doute acquis le statut de discuter avec lui en ayant réussi en l’espace de quelques semaines à se rendre maîtres des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

Difficile refonte de l’armée

Cette réalité, le président congolais doit nécessairement en tenir compte. De même qu’il doit également prendre en compte le sort de ses compatriotes, victimes de cette interminable guerre dont ils ne savent ni les tenants ni les aboutissants. Des milliers de Congolais qui, à défaut d’y laisser leur vie, se retrouveraient handicapés à vie ou jetés à jamais dans la rue.

L’autre trait de déni qui transparaît du discours du président congolais, c’est cet hypothétique espoir qu’il entretient quant à la capacité des soldats congolais à sonner la riposte. Riposte qui, selon lui, devrait intervenir à la suite de changements qu’il promet d’opérer très prochainement au niveau de la hiérarchie de la grande muette. Qu’il ait pensé à faire le diagnostic pour identifier les tares de ses troupes, c’est déjà très louable de sa part. Mais qu’il sorte des illusions.

Ce n’est pas en quelques jours qu’il mènera les réformes requises pour permettre à ses soldats de tenir tête aux troupes de Kigali [selon l’ONU, 3 000 à 4 000 soldats rwandais sont engagés dans l’est de la RDC en soutien des troupes du M23]. Cela requiert plus de temps et certainement plus de ressources. Parce qu’à coup sûr l’armée congolaise ne souffre pas que de problèmes mineurs. C’est une institution à rebâtir sur de nouvelles bases, un nouvel esprit à insuffler et sans doute avec de nouveaux hommes. En somme, c’est un travail de longue haleine qu’il va falloir abattre. Les objectifs à assigner à la nouvelle institution ne devant pas être en deçà d’un horizon de dix ans.

Immobilisme présidentiel

Certes, que les États-Unis aient adopté des sanctions contre James Kabarebe, le ministre de l’Intégration sous-régionale rwandais, et Lawrence Kanyuka, le porte-parole politique du M23, a quelque chose de gratifiant pour Kinshasa.

On peut y avoir notamment l’effet de l’activisme diplomatique dont les autorités congolaises ont fait montre depuis des semaines. D’autant que les lignes commencent également à bouger – certes plus timidement – du côté de Berlin, de Bruxelles et de New York.

Mais pour encourager ces dynamiques positives, Félix Tshisekedi devrait faire montre d’un peu plus de réalisme en écoutant toutes les voix qui l’incitent à privilégier le dialogue, dont celles de l’ancien président Joseph Kabila ou encore du secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), Donatien Nshole. Parce qu’autrement il n’est vraiment pas exclu que la rébellion poursuive sa dynamique conquérante jusqu’aux portes de Kinshasa.

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