En visite en Martinique, Valls annonce un projet de loi contre la vie chère en Outre-mer et un soutien de 10 millions d’euros pour les acteurs économiques
Dans ce texte, l’exécutif proposera « un plan de bataille complet et structurel qui s’attaque méthodiquement à tous les facteurs expliquant la cherté de la vie », a déclaré Manuel Valls à l’issue d’une réunion avec plusieurs dizaines d’élus et de représentants du monde économique à la préfecture de la Martinique.
Manuel Valls est arrivé quelques heures auparavant sur l’île pour une visite de 48 heures, conclusion d’une tournée de six jours dans les quatre collectivités des Antilles. Le projet de loi contre la vie chère devrait « reprendre certains articles » de propositions de loi présentées ces derniers mois par plusieurs parlementaires originaires des régions ultramarines, a précisé le ministre, exhortant à « enclencher une véritable transformation économique des territoires » ultramarins.
Le ministre a ensuite évoqué cinq priorités contenues dans ce projet de loi en cours de préparation, notamment le renforcement de la concurrence et la lutte contre « les pratiques anticoncurrentielles ». De « grands groupes très performants » présents dans ces territoires « jouent parfois un rôle d’étouffement de l’économie », a réaffirmé Manuel Valls, reprenant des propos qu’il avait prononcés à l’Assemblée nationale le 22 janvier.
Ces groupes de distribution « sont présents à tous les niveaux de la chaîne » d’approvisionnement, a-t-il souligné, souhaitant aussi augmenter les saisines possibles de l’autorité de la concurrence. « Qu’il demande à une autorité de la concurrence de venir faire une analyse précise me parait être une excellente nouvelle. Il est important qu’il y ait de la confiance », a estimé Stéphane Hayot, directeur général du groupe Bernard Hayot.
Le texte visera également davantage de transparence dans la vie économique des Outre-mer, avec des sanctions « plus dissuasives » pour les nombreuses entreprises locales qui « ne se conforment pas » à leurs obligations, a ajouté le ministre. Il dit également vouloir permettre à l’OPMR de pouvoir saisi la DGCCRF, la direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes.
Il a en outre appelé à « rompre avec la dépendance aux importations », à « favoriser la production locale », et à mieux intégrer les territoires ultramarins avec « leur marché régional », afin de limiter les importations en provenance de la France hexagonale et de l’Europe « à ce qui est strictement indispensable ».
Enfin, le ministre des Outre-mer a annoncé « un soutien de 10 millions d’euros » pour les « acteurs économiques et commerçants » sinistrés durant les violences urbaines survenues à l’automne 2024, en marge d’une vaste mobilisation contre la cherté de la vie. En Martinique, les prix des produits alimentaires dépassent souvent de 40% ceux de l’Hexagone.
Lundi soir, le ministre s’est entretenu avec les membres du RPPRAC, à l’origine des manifestation contre la vie chère en octobre dernier. Un rendez-vous, à la demande des parlementaires de l’île, qui n’était pas à l’agenda de Manuel Valls, et qui s’est déroulé sans Rodrigue Petitot, principal leader du mouvement, soumis aux règles de son incarcération sous bracelet électronique.
Il avait été condamné en janvier dernier pour s’être introduit sans autorisation avec trois autres militants dans la résidence préfectorale le 11 novembre, en marge d’une visite ministérielle, et de s’en être pris verbalement au représentant de l’Etat, Jean-Christophe Bouvier.
D’après nos partenaires d’RCI Martinique, les membres du RPPRAC présents ont pu exprimer leurs doléances et ont rappelé leur désaccord avec le protocole d’objectifs et de moyens signés le 16 octobre 2024. Ils ont aussi affirmé leur souhait d’assises populaires de la vie chère en Martinique et ont plaidé pour une meilleure considération à l’endroit de leur mouvement.
Avec RCI Martinique et AFP
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