« C’est du niveau d’une balle, d’une arme de guerre ». En une dizaine d’années, une quinzaine de victimes des airbags Takata, « pas adaptés aux climats tropicaux » avait rappelé début février le député Max Mathiasin, ont été enregistrés en Outre-mer. D’après le député Liot, 100 000 véhicules dans les Outre-mer sont équipés de cet airbag.
Le scandale des airbags du fabricant japonais Takata -qui a depuis fait faillite- secoue le secteur de l’automobile depuis 2014 : à cause d’un gaz qui vieillit mal dans les climats chauds et humides, comme en Guadeloupe et dans les Outre-mer, ils risquent d’exploser en projetant des pièces sur les conducteurs.
« C’est la première fois que l’État nous reconnaît en tant que victime », a réagi Bruno Guérin, dont le fils de 26 ans, Tristan, a été mortellement touché par une pièce d’airbag Takata lors d’un accident en mai 2023. Président de l’association de victimes ADVAirBag, il espère désormais « obtenir une commission d’enquête parlementaire ». Les députés Karine Lebon (La Réunion) et Max Mathiasin ont déposé le 13 mars une proposition de résolution en ce sens. Elle doit être examinée par le bureau de l’Assemblée nationale le 1er avril.
« Il y en a plein (d’automobilistes, ndlr) qui ne sont encore pas forcément au courant, il faut que ça cesse » a averti Raïssa Lancrerot, qui a subi « deux greffes » après avoir été gravement touchée au visage en 2021. « Il y a plusieurs milliers, sinon plusieurs dizaines de milliers de voitures qui, en Guadeloupe, continuent de rouler et représentent un danger », a renchéri le ministre, élevant le sujet au rang d’« urgence absolue ».
« Les services de l’État au niveau local doivent être fortement mobilisés pour accélérer le rythme de remplacement et alerter. Le ministre des Transports est particulièrement mobilisé avec le lancement d’une mission d’inspection pour renforcer les prérogatives de l’État auprès des constructeurs. Le gouvernement est totalement engagé » a ajouté le Ministère des Outre-mer.
« Nous allons voir comment on peut beaucoup mieux communiquer, alerter, toucher plus directement les personnes au-delà des campagnes de communication » a assuré Manuel Valls, prévenant aussi que « les constructeurs auront à répondre ».
« Chacun est placé devant ses responsabilités. Chacun doit maintenant agir. Ici il y a des hommes, des femmes, des enfants, qui ont perdu un être cher, qui ont été blessés, qui vont souffrir toute leur vie […] Je lance un avertissement : que chacun agisse maintenant en fonction de sa responsabilité », a-t-il ajouté, s’adressant à l’ensemble de la chaîne.
Maître Charles-Henri Coppet, qui accompagne des victimes et familles de victimes dans plusieurs territoires ultramarins, a salué « un échange très constructif ». « Je pense que Manuel Valls a compris la détresse des Guadeloupéens et qu’il va faire en sorte que des moyens autres soient donnés pour l’encadrement des constructeurs (…), des automobilistes et des concessionnaires » a ajouté l’avocat.
En France, 29 accidents liés à ces airbags ont été recensés, provoquant 11 décès en Outre-mer et un en métropole, selon le ministère des Transports. Mais d’après le cabinet Coppet, rien qu’en Guadeloupe, des explosions d’airbags défectueux sont soupçonnées d’avoir fait « 10 morts et 14 blessés ». Après de nombreuses plaintes déposées, tous les dossiers de Guadeloupe ont été centralisés au parquet de Pointe-à-Pitre et sont désormais traités par une seule juge d’instruction.
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