« le tissu social est entièrement nécrosé », estime le procureur de Bastia

Ces vendredi 28 février et samedi 1er mars se tenait le premier colloque antimafia en Corse, à Cargèse, à l’initiative du collectif Massimu-Susini. La deuxième journée a notamment été consacrée aux moyens de lutte contre la criminalité organisée.

Lors de premier colloque antimafia organisé en Corse, Nicolas Septe et Jean-Philippe Navarre, les deux procureurs insulaires, ont dressé le constat d’une criminalité qui a infiltré la société, à tel point que les activités mafieuses sont souvent devenues légales.

Le procureur de la république de Bastia ira jusqu’à dire que « le tissu social est entièrement nécrosé ».

Après le constat judiciaire, les racines culturelles ont été explorées. Pour Marceddu Jureczek, membre du collectif Massimu-Susini, si la société corse n’est pas par essence violente, le contexte sociohistorique sanglant des trois derniers siècles a pesé.

Dans l’ensemble, les participants ont prôné un renforcement de l’arsenal législatif avec la création d’un délit d’association mafieuse et l’élargissement du statut de repenti. Des positions en désaccord avec celles de l’Assemblée de Corse.

Dans un contexte où l’infiltration maffieuse est censée être omniprésente, qu’en est-il des services de l’État ? L’ancien préfet Amaury de Saint Quentin s’était exprimé clairement sur le sujet. Devant une commission parlementaire à huis clos, il avait estimé que « le crime organisé imprègne l’intégralité de la société corse », jusqu’aux « services de l’État ».

La rencontre s’est conclue par un appel du collectif Massimu-Susini à participer à la manifestation du 8 mars à Ajaccio sous le mot d’ordre « Maffiosi è assassini fora ».

Le reportage de Dominique Moret et Jennifer Cappaï :