Lors d’une conférence de presse, le président dominicain, Luis Abinader, a annoncé vouloir étendre le mur séparant la République Dominicaine et Haïti, déjà achevé à 80% et qui doit s’étendre sur 340 kilomètres de frontière. Un projet profondément xénophobe ayant débuté en 2021 sous le premier mandat d’Abinader, réélu en mai 2024 pour son discours et un programme qui criminalise la présence des Haïtiens.
Le renforcement de ce mur frontalier s’inscrit dans une offensive xénophobe d’ampleur menée par les autorités domincaines conte les migrants haïtiens : en octobre dernier ; le président dominicain avait annoncé vouloir expulser 10 000 ressortissants haïtiens par semaine. En quatre mois, c’est près de 142 378 personnes qui ont été expulsées de République Dominicaine vers Haïti.
Des opérations très violentes dénoncées par les victimes et les ONG comme Amnesty International, rapportant de nombreux cas d’expulsions collectives, réalisés à partir d’un profilage racial, et qui visent également des enfants et des adolescents parfois expulsés sans leurs parents. Des ressortissants haïtiens nés en République Dominicaine et en situation régulière sont également ciblés.
Alors que d’une main, le gouvernement dominicain mène une politique xénophobe au nom d’un prétendu intérêt national que les Haïtiens mettraient en péril, de l’autre, Luis Abinader déroule le tapis rouge aux prédations impérialistes des Etats-Unis.
Lors de sa tournée diplomatique en Amérique Centrale et dans les Caraïbes, qui s’est achevée à Saint-Domingue, le secrétaire d’Etat Marco Rubio, a annoncé vouloir ouvrir des négociations pour l’exploitation de terres rares se trouvant au sud de la République Dominicaine, à la frontière avec Haïti. Une réserve de terres rares qui s’élèverait à 100 millions de tonnes, et qui pourrait servir à la production de semi-conducteurs. Une aubaine pour les Etats-Unis, dans un contexte de concurrence accrue avec la Chine dans le domaine. Ainsi, Marc Rubio affirmait hypocritement : « Un pays ami, un allié, qui se trouve dans notre hémisphère, qui a accès à cela, c’est quelque chose de très positif. Je préfère que ce soit ici plutôt que dans les mains d’un pays qui n’est ni un ami, ni un allié, qui se trouve à l’autre bout de la planète. »
Si le racisme anti-haïtiens n’est pas nouveau dans les Caraïbes, celui-ci tend à s’intensifier à mesure que le pays s’enfonce dans le chaos avec la guerre des gangs, conséquence directe des politiques néocoloniales menées par les états occidentaux, dont la France et les Etats-Unis. La diaspora installée depuis plusieurs générations, tout comme les personnes migrantes fuyant la violence et la misère, sont pris pour cibles et criminalisés, de la Jamaïque à la Guadeloupe, en passant par les Etats-Unis. Après avoir tenu des propos odieux lors de sa campagne présidentielle sur les réfugiés haïtiens à Springfield, Donald Trump a annoncé mettre fin à l’accès au statut de protection temporaire pour les ressortissants haïtiens d’ici août 2025.
Ces attaques contre les migrants haïtiens s’inscrivent dans un contexte plus large d’offensives sécuritaire contre l’ensemble des travailleurs immigrés à échelle continentale. Une offensive qui s’est intensifié avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche : les emprisonnements et déportations qui brisent des centaines de milliers de vies sont exécutés avec la complicité des gouvernants des pays sud-américains, comme en témoigne l’accord entre les Etats-Unis et [le Panama qui accueille puis emprisonnent des personnes migrantes expulsées par le gouvernement états-uniens.
Comme le rappelle dans une déclaration commune Left Voice (Etats Unis), le Mouvement des travailleurs socialistes (Mexique), l’Organisation socialiste du Costa Rica et la ligue des travailleurs pour le socialisme (Vénézuela), organisations révolutionnaires membres de Fraction Trotskyste – Quatrième Internationale, une riposte anti-impérialiste de classe est indispensable pour affronter les politiques xénophobes et spoliatrices voulues par Trump. A rebours des discours chauvins portés par les dirigeants des pays sud-américains et caribéens, dont certains se rendent complices des opérations d’expulsions en acceptant de servir l’externalisation des frontières états-uniennes, seule une unité transfrontalière peut contrer le pillage organisé des pays sous domination impérialiste par les états occidentaux.
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