Face aux tours d’eau, aux pannes techniques et aux grèves à répétition, de nombreux Guadeloupéens investissent dans une citerne pour sécuriser leur approvisionnement en eau. Fabrication, vente, installation : depuis une dizaine d’années, le marché ne cesse de croître.
« Si tu es équipé, tu survis. Si tu ne l’es pas, tu disparais », lance Arnaud, restaurateur, visiblement agacé, au comptoir de Sopsag. Une fois de plus, il se retrouve contraint d’acheter une nouvelle citerne. Il en possède déjà quatre pour l’eau potable, mais cette fois, il en cherche une supplémentaire pour récupérer l’eau de pluie, qu’il utilisera pour le nettoyage et les sanitaires. « Un restaurant, c’est très gourmand en eau. »
Et il n’est pas le seul. Restaurateurs, loueurs de meublés touristiques, particuliers, ils sont de plus en plus nombreux à s’équiper, soit avec une citerne tampon reliée au réseau d’eau potable, soit avec une cuve pour récupérer l’eau de pluie. Un changement qui a modifié le métier de plombier. Hubert, artisan, explique que l’installation de citernes représente aujourd’hui 30 % de son activité. À chaque coupure d’eau, son téléphone sonne et depuis peu il a constaté une nouvelle tendance.
Rien que le week-end dernier, quatre clients m’ont contacté pour des devis. Dès la conception d’une maison, les gens veulent installer une citerne pour l’eau potable, et une autre pour récupérer l’eau de pluie.
Avec cette forte demande, les distributeurs doivent s’adapter. Anthony Leandri, commercial chez Plomberie Dom, observe un changement des habitudes.
D’abord, les gens veulent une citerne pour avoir de l’eau au robinet tout le temps. Ensuite, ils s’équipent pour récupérer l’eau de pluie et faire des économies.
Anthony Leandri, commercial
Aujourd’hui, il existe des citernes de toutes tailles et adaptées à tous les budgets.
Une petite installation coûte entre 1 000 et 1 500 euros, main-d’œuvre et accessoires compris. Les fabricants innovent aussi. Procap, fabricant local, a par exemple été le premier à avoir lancé une citerne alimentaire de 300 litres, spécialement conçue pour les appartements. Mais le stockage de l’eau potable est soumis à une réglementation stricte.
Depuis le décret n° 2001-1220 du 20 décembre 2001, les citernes doivent être certifiées ACS (Attestation de Conformité Sanitaire). Cette certification garantit que les matériaux utilisés ne dégradent pas la qualité de l’eau. Les citernes sont en polyéthylène haute densité, elles sont moulées d’un seul bloc, donc totalement étanches, et leur surface intérieure lisse facilite le nettoyage.
René Dumont, directeur de Procap, insiste sur l’importance de cette certification mais prévient aussi.
Une citerne ACS doit être entretenue. Il faut la nettoyer tous les trois à cinq mois et installer des filtres, en amont et en aval.
René Dumont, directeur de Procap
Avec des prix qui peuvent aller de 1 000 à 4 000 euros, installation et accessoires compris, acheter une citerne représente un coût important pour certains foyers. Pour autant, les aides ont disparu. Olivier Tissier, directeur de Simop Caraïbes, confirme que cela a freiné les ventes.
L’arrêt des aides de la Région pour les citernes de récupération d’eau de pluie, et l’arrêt de la défiscalisation pour les cuves tampon, ont provoqué un léger ralentissement.
Olivier Tissier, directeur de Simop Caraïbes
Pourtant, malgré le prix, beaucoup n’hésitent pas à faire un crédit pour s’équiper. Car en 2025, en Guadeloupe, posséder une citerne tampon n’est plus un luxe, mais une véritable nécessité.
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